LA CONFÉRENCE

Le vieillissement est au cœur de ce film qui reste le chef d’œuvre de Clint Eastwood, dans la représentation de ces anciennes figures et archétypes d’un genre abandonné : et si ces héros de l’âge d’or du western américain avaient pu vieillir, que seraient-ils devenus ?
Pourraient-ils encore monter à cheval ou rivaliser pour être le tireur le plus rapide de l’Ouest ? Ne rêveraient-ils pas de devenir fermiers ou de bâtir leur propre foyer ? Évoqueraient-ils le passé avec nostalgie en enjolivant leurs exploits auprès d’une nouvelle génération désireuse d’entendre leurs aventures « héroïques » ?
Ou bien, plus sûrement, ne seraient-ils plus que les spectres d’une nation qui se serait bâtie sur le viol et le meurtre de tout ce qu’il y a d’humain, se leurrant eux-mêmes sur ces quelques dollars ainsi gagnés par le sang pour fonder un avenir ?
Pas de rédemption. Ils sont tous impardonnables. Et aucun film n’aura jamais aussi bien mis en scène ce que le western a toujours décrit sans oser l’énoncer : « l’abîme maudit » où mythes et justice se sont substitués aux injustices de l’Histoire américaine.

Thierry Cormier